Que du bio

Le mois dernier, je suis allé à un cours de cuisine à Lille. J’en avais déjà essayé un l’année dernière et je doire que c’était très amusant. C’est bizarre, parce que si on m’avait dit il y a trois ans que je cuisinerais un jour pour le plaisir, j’aurais sans doute pris mon interlocuteur pour un arriéré : la cuisine était de mon point de vue une vraie perte de temps ! Seulement, j’ai découvert depuis toutes les saloperies qu’il y a dans les barquettes micro-ondables, et ça m’a poussé à réagir, à cuisiner moi-même. Et c’est de ça dont je voudrais parler dans ce billet : de la révolution alimentaire. Car même si pas mal de gens ne voient rien venir, nous sommes en train de révolutionner totalement notre mode de consommation. Pour commencer, il y a le bio qui s’impose dans notre vie : il prend d’ailleurs de plus en plus de place dans les hypermarchés. Dans la même veine, il y a la nourriture végétarienne, qui pourrait parfaitement, elle aussi, se substituer un jour à la viande. Ça peut bien sûr paraître impossible pour le moment, mais pensez-y un instant. Regardez comme le bio a longtemps été vu comme un secteur sans grand avenir, et notez la dimension qu’il a acquis depuis peu. Considérez maintenant les derniers scandales ayant trait à la viande. Prenez aussi en compte le fait que notre société va, année après année, vers un plus grand respect des droits des animaux. Le nom même d’un mouvement comme L214 le montre. En effet, il se réfère à l’article du code rural dans lequel les animaux sont présentés en tant qu’êtres sensibles. Il est clair que nous allons au fil des années vers une société où l’on mangera plus sainement et plus éthiquement : sans viande, donc. Et si vous n’y croyez pas, on en reparle dans dix ans ! Autrement, j’ai bien apprécié ce cours de cuisine à Lille. Si vous avez besoin de progresser en cuisine, je vous le recommande. Vous pouvez vous rendre sur le site où je l’ai déniché. Plus d’information sur ce cours de cuisine en suivant le lien.

cours de cuisine

Tensions en Ukraine

La situation ukrainienne est dans une impasse. Que se passe-t-il ? Pour Lucien Cerise, c’est là le résultat d’une guerre hybride, dépourvue de limites et menée par l’OTAN. Que s’est-il vraiment passé en Ukraine depuis 2013? La situation dans le pays est peu traitée par les médias, et surtout peut-être, mal traitée. Alors si vous le voulez bien chers auditeurs, faisons chers auditeurs, un petit retour sur les événements de l’hiver 2013-14. Viktor Ianoukovytch avait annoncé son refus de signer l’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne, une semaine avant la signature prévue pour le 29 novembre 2013. Il réagissait au refus d’un prêt de 20 milliards par l’UE. A l’Est, la Russie avait quant à elle annoncé la levée des barrières douanières, la baisse du prix de son gaz et un prêt de 15 milliards de dollars à l’Ukraine… Ce revirement de Viktor Ianoukovitch a donc fait éclater le Maïdan et le Président dut fuir le pays, dans la nuit du 21 février 2014. Depuis, l’Ukraine est toujours dans une situation économique catastrophique. Mais ces dates et ces événements, nous les connaissons. Est-ce suffisant? Alors pour aller au fond des choses, nous recevons l’essayiste Lucien Cerise. Il a publié Retour sur Maïdan, La guerre hybride de l’OTAN, aux éditions Retour aux sources. Nous allons donc approfondir la réalité de cette guerre hybride. Pour Lucien Cerise, la situation en Ukraine est sans doute l’une des plus grandes escroqueries des dernières années: l’Amérique a fait main basse sur l’Ukraine mais la Russie est jugée coupable.  « La ‘transitologie’ consiste à examiner comment exporter la démocratie, et à maquiller ces opérations de colonialisme en opérations spontanées. Comme en Ukraine. Les bombes peuvent être conventionnelles — des missiles — mais aussi informationnelles, mentales. Nous n’avons pas seulement affaire à des soldats sur un champ de bataille. Le champ de bataille, c’est aussi l’esprit des civils. »  « Aujourd’hui, un des angles d’attaque de cette guerre hybride est la négation immédiate des faits qui induit des phénomènes de dissonance cognitive, de double pensée, où on est obligé de nier ce qu’on a sous les yeux. On est confronté à des discours qui relèvent de l’aberration intellectuelle. Cette guerre hybride est contenue potentiellement dans toutes les formes de guerre (…)  « L’hégémonie américaine est pensée explicitement au moins depuis 1992 avec le projet de budget militaire signé par Wolfowitz. L’apparent retrait de la Russie par la déconstruction du bloc communiste a laissé libre cours à l’imaginaire colonial des Américains, des néoconservateurs notamment, et un certain nombre de textes sont apparus. Un projet d’hégémonie mondiale, de full spectrum dominance: tous les domaines de l’existence doivent être sous contrôle atlantiste. (…) D’après McKinder, qui contrôle l’Europe de l’Est contrôle la Russie, et qui contrôle la Russie contrôle l’île Monde, et qui contrôle celle-ci contrôle le Monde. Ces intérêts capitalistes anglo-saxons passent par tous les moyens. Ils recrutent des supplétifs dans tous les milieux. L’essentiel est que vous ayez envie de vous battre contre les ennemis désignés par Bruxelles ou Washington. L’essentiel, ce n’est pas vos idées. (…) Kolomoïsky, milliardaire juif, sponsorise Pravy Sektor ou les milices paramilitaires. On est au maximum de toutes les contradictions possibles en Ukraine. »  « Pour que la candidature d’un pays soit recevable à l’OTAN, un pays doit être en paix à l’intérieur de ses frontières. Ce n’est pas le cas de l’Ukraine, il y a une guerre civile. Alors comment nier le fait qu’il y a une guerre civile? Comment masquer la guerre civile dans l’est du pays? Une fois que cela sera fait, l’Ukraine rentrera dans l’OTAN. C’est en cours de résolution. L’Ukraine entrera dans l’OTAN et l’Union européenne. Directement ou par statut associé. Le régime sans visas est en cours, fondamentalement: tout va bien pour Bruxelles. L’Ukraine est amarrée. »

Chercheur de saphires

C’est une chasse au trésor digne du bout du monde. Mais elle se déroule dans le Puy-de-Dôme sous le clapotis d’un paisible ruisseau, où un passionné de minéraux a découvert un gisement de saphirs. Accroupi dans l’eau, Nicolas Léger gratte inlassablement le lit inférieur du cours d’eau aux berges verdoyantes, avant d’en tamiser les dépôts sédimentaires. Au milieu des grains de sable, quelques reflets bleutés trahissent la présence du précieux minéral, témoin des richesses minérales des volcans d’Auvergne.  Sa première gemme, il l’a découverte « de manière fortuite » lors d’une prospection.   « Derrière une pierre visible assez facilement du bord de l’eau, il y avait un reflet bleu, qui m’a intrigué. J’ai cru un premier temps à un vieux bout de verre », raconte le gemmologue amateur de 39 ans, au visage émacié et aux yeux aigue-marine.  « Le saphir était remonté à la surface alors qu’habituellement, ils restent enfouis dans des trous creusés dans le lit profond de la roche, piégés par leur densité », souligne le « gratteur de cailloux ».  Arpentant la rivière, il finit par débusquer « une zone de concentration intéressante » de cristaux tirant du bleu roi au bleu vert, gros « de plusieurs millimètres à plusieurs centimètres ».   Si le foyer de corindons – nom scientifique du saphir et du rubis – est « exceptionnel par la taille » des pierres, sa découverte n’est pas une surprise.  « Partout où il y a des rivières et torrents qui descendent des volcans, il y a des saphirs », assure le géologue clermontois Pierre Lavina. « Ils ont été transportés de leur source profonde par des magmas remontant à la surface lors d’éruptions volcaniques explosives », précise-t-il.   – Un cimetière de minéraux –   Car, on le sait moins, le sous-sol auvergnat regorge de pierres précieuses. « La région est un cimetière de minéraux. Elle est connue depuis le Moyen-Age pour ses saphirs et grenats du Velay, qui garnissent les trésors des rois de France », renchérit Gérard Astier, responsable de la Maison de la pierre philosophale à Issoire.  « Pour des passionnés de minéraux, c’est le Nouveau Monde ! Il y une richesse et une diversité époustouflante: de la fluorine, de la tourmaline, des traces d’émeraudes… Grâce aux nouvelles connaissances scientifiques, on peut relancer la prospection », estime Nicolas Léger, qui s’est associé avec des étudiants de l’Institut polytechnique UniLaSalle de Beauvais et de l’université Clermont Auvergne.  Ensemble, ils remontent le temps pour retrouver la source originelle de ces saphirs et les circonstances de leur formation.  « On va de découvertes en découvertes. C’est palpitant, un plaisir quasi enfantin, +Indiana Jones+ sans les méchants », s’enthousiasme Nicolas Léger, qui tient à garder secret le nom de la rivière, dont une partie a récemment été « défoncée » par des chercheurs indélicats.  – Le retour de l’améthyste française ?-  Mais pierre qui roule n’amasse pas mousse. « L’enrichissement est scientifique. Vu le temps et l’énergie dépensés ces dix dernières années, ce n’est pas viable économiquement », assure Nicolas Léger, qui investit ces derniers temps tout son temps dans la relance d’une exploitation d’améthystes.   Ce quartz violet cardinal a en effet été extrait pendant plusieurs siècles – jusque dans les années 70 – autour de la commune de Vernet-la-Varenne, qui a même sa Maison de l’Améthyste.  Un nouveau filon a été découvert dans le secteur, sous un arbre déraciné. L’ancien chargé d’études en froid industriel souhaite y extraire ces pierres semi-précieuses dans le cadre d’une micro-carrière et relancer ainsi une filière française tombée aux oubliettes, « avec une traçabilité et des conditions d’exploitation qui respectent l’environnement ».  « On ne trouve plus d’améthyste française sur le marché hormis des pierres mises en vente sur des bourses minéralogiques », regrette encore le gemmologue qui souhaite faire visiter le site au public « dès cet été », une fois les autorisations nécessaires obtenues.  « La valorisation du patrimoine géologique de cette zone rurale peut être également un bel outil de développement économique et touristique », assure encore ce dernier. Ou comment faire d’une pierre deux coups.

En hélico à La Rochelle

On a parfois tellement le nez sur une chose qu’on finit par ne plus la voir. Regardez le monde. Au quotidien, il se résume à un espace vide entre les points de chute que sont la maison, le boulot, le supermarché, et le chalet de vacances. Mais je crois qu’il est important de temps à autre de prendre son temps de regarder à nouveau. Et c’est justement ce que j’ai fait samedi dernier, avec un baptême en hélicoptère à La Rochelle. Plutôt que de monter sur la table comme John Keating, je me suis envolé pour découvrir notre belle planète sous un nouvel angle. De mon perchoir hélicoïdal, j’ai pu découvrir de splendides paysages sublimes. Mais ce n’est toutefois pas là qu’était le véritable intérêt de ce vol. Tout son intérêt était à mon sens dans le changement de perspective, non seulement physique mais aussi psychique. Lorsqu’on est sur Terre, plongé dans sa vie, on pense que l’humanité représente tout, et que nous sommes importants. Pourtant, il suffit de prendre un peu de hauteur pour voir à quel point nos existences ont peu d’importance. Un vol en hélicoptère est vraiment inhabituel. L’hélico ne prend pas son élan : le décollage est donc bien plus lisse. Mais une fois là-haut, les sensations sont plus puissantes que dans un avion : comme l’appareil pique du nez pour avancer, l’on ressent de manière physique chaque changement de direction de l’engin. Cela dit, rien de gênant ni de particulièrement inquiétant : c’est juste étrange, mais on s’y fait vite. Là-haut, la ville se réduit à une simple tache de lèpre sur le tissu de la terre. J’ai compris que tout ce décor qui nous entoure au quotidien n’est en définitive qu’un grain de poussière dans ce monde. Et que nous ne sommes nous aussi que des grains de poussière, vivant le temps d’un clin d’oeil au regard de l’univers. C’est une chose que je savais déjà, évidemment, mais on peut difficilement comparer le fait de savoir cela et le fait de le sentir. La science révèle depuis longtemps que l’homme est loin d’être le centre de la création. Mais au quotidien, nous sommes toujours convaincus d’être le centre de l’univers. C’est une étrange expérience que de s’extraire de soi-même et de prendre conscience que le monde est vaste. Si l’occasion se présente pour vous, je vous recommande vivement de réaliser un baptême en hélico, pas tant pour les paysages, plutôt pour cette révélation qu’on ressent en découvrant la grandeur du monde. Je vous mets en lien mon baptême, pour ceux qui veulent s’envoyer en l’air, voilà le lien vers mon baptême. Pour en savoir plus, je vous recommande la lecture du site sur cette expérience de baptême de l’air en hélicoptère à La Rochelle qui est très bien fait sur ce sujet.

Les français préfèrent Poutine

Entre Vladimir Poutine et Donald Trump, les leaders de deux puissances mondiales, le dirigeant de la Russie est plus «au goût» des Français que celui des États-Unis, le dernier affichant une impopularité record dans son pays. Selon le sondage téléphonique réalisé par l’Université Suffolk aux États-Unis entre le 28 avril et 2 mai auprès de plus d’un millier de Français, un interrogé sur cinq a un avis favorable sur Vladimir Poutine. En revanche, le Président américain s’avère être le plus impopulaire des cinq dirigeants mondiaux proposés dans le sondage. Angela Merkel, la chancelière allemande, se trouve en tête du sondage en question. Il fait état de 70 % d’opinions favorables. Deux autres leaders, le Président chinois Xi Jinping ainsi que son homologue du Royaume-Uni Theresa May «empochent» 40 % chacun. L’ancien dirigeant américain Barack Obama a affiché, au contraire de son successeur Donald Trump, une popularité sans précèdent auprès des Français, soit 90 %. Les Français se sont montrés assez critiques envers les hommes politiques de leur propre pays. Le dernier de la classe, avec 71 % d’opinions négatives, est le Président de la République François Hollande. Les deux candidats à l’élection présidentielle, Marine Le Pen et Emmanuel Macron, ne sont pas non plus très appréciés par les interrogés, puisque  respectivement 52 % et 69 % des sondés n’étant pas satisfaits de leurs activités.

Colloque d’Helsinki sur la réalité virtuelle

Vous vous êtes acheté un casque de réalité virtuelle pour jouer ? C’est bien. Cependant, et contrairement à ce que vous pouirriez croire, cette technologie ne sert pas qu’au jeu vidéo. Récemment, j’ai suivi un séminaire à Helsinki où on nous a indiqué son importance sur le plan médical. Et j’ai été assez surpris par certaines démonstrations : elles étaient vraiment impressionnantes. Il est par exemple d’ores et déjà possible de traiter des personnes souffrant de phobies par ce biais. Presque 20 % de la population est atteinte d’angoisse, la question du traitement de ces troubles est donc importante pour la recherche médicale. Et la VR est une technologie parfaite pour traiter ces affections. Muni d’un casque, le patient peut en effet être confronté à l’objet de sa phobie irrationnelle tout en sachant qu’il peut quitter l’expérience en un instant. Un individu qui a une peur panique des arachnides peut de ce fait s’en approcher via la VR. Avec celle-ci, on peut en outre permettre aux individus ayant fait un AVC de recréer les connexions neuronales qui ont été détruites, ce qui va leur permettre de faire bouger un bras immobilisé (grâce à des capteurs cérébraux et une simulation en réalité virtuelle). Mais nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises, avec cette technologie. Dans la VR, l’on peut en effet être davantage qu’un humain. Et cela change tout ! A l’heure actuelle, l’individu s’incarne systématiquement dans un corps virtuel de forme humaine. Mais rien, en fin de compte, ne nous y enchaîne. Dans les années 1980, Jaron Lanier s’est ainsi efforcé de démontrer que l’humain pouvait aller au-delà de ce qu’il était : grâce à lui, des individus ont appris dans la ralité virtuelle à piloter une troisième main au fil des séances. Ce nouveau potentiel acquis par la RV ouvre pas mal de perspectives : ne reste plus qu’à entrevoir ce qu’on peut en faire. Mais je ne doute pas que certains trouveront des applications pratiques étonnantes ! Soit dit en passant, j’ai bien aimé ce séminaire à Helsinki. Tenez, je vous mets en lien l’agence qui a monté l’événement, si vous voulez jeter un oeil au programme.

La cogestion à la française

Le paritarisme, véritable alambic redistributif des prélèvements obligatoires, a besoin d’une refonte radicale Les enjeux sont formidables. Réformer un système de santé au bord de l’apoplexie, restructurer celui des retraites devenu obsolète, celui de la formation professionnelle, opaque, inadapté voire dévoyé… Il faut donc profondément rénover le modèle social français en le restructurant pour l’adapter à ces nouveaux défis – la révolution digitale, l’évolution démographique et celle du salariat, etc. À condition de surmonter un certain nombre de blocages de l’actuelle démocratie sociale, dont la gestion paritaire d’une majeure partie de ses domaines. Postures idéologiques, antagonisme traditionnel et positions acquises induisent un dramatique conservatisme, un immobilisme enlisant toute velléité de modernisation. Un défi lancé aux acteurs futurs de la démocratie politique. Un candidat à la présidentielle ne peut pas parler de ça?! Tant le sujet fâche et risque de provoquer nombre d’acteurs de la vie sociale. Certes, il peut gloser à l’envie sur les métastases actuelles de la démocratie politique et ses remèdes. Mais, déni, tabou, ou vache sacrée, il ne va pas aborder la quasi-mort clinique de la démocratie sociale. L’une des plus mal en point de toute l’Europe. Ce formidable alambic redistributif des prélèvements obligatoires, si gourmand en points de PIB – 6 % – a pourtant besoin d’une refonte radicale. Ce mutisme entourant les performances du paritarisme est largement partagé. À l’heure indiscutée des grandes mutations obligées, des réformes et restructuration de ces fameux amortisseurs du modèle social français, il existe en fait un singulier verrou bloquant toute transformation à la hauteur des enjeux. Le paritarisme. Est-il l’outil adapté pour la transformation systémique de notre système de protection sociale?? Quelle est sa valeur ajoutée, sa légitimité comme levier de changement?? Impossible de faire l’économie de ces interrogations. Pourtant elles sont tues. Lorsqu’il s’agissait de répartir la richesse opulente des Trente glorieuses, l’entente allait de soi au sein de ce système créé dans l’enthousiasme de l’immédiat après-guerre. Chacun – syndicats de salariés et d’employeurs – goûtait aux fruits de la croissance, les distribuant selon une solidarité évidente et des structures de conception simplissime. Les années passant, il s’est métamorphosé au point de devenir un modèle d’une complexité insensé. Sa logique, elle, est immuable. Par nature, le paritarisme pousse au compromis, à des réformettes, légères, n’écornant pas les situations acquises. Est-ce le meilleur levier de changement?? Car tout a radicalement changé. Ces missions d’intérêt général initiées grâce à des structures simplissimes sont devenues d’une opacité rare. Les alambics de décision se sont formidablement complexifiés, fossilisés, alors que l’époque réclamait au contraire davantage de réactivité et de performance dans un contexte de pénurie de ressources. L’évolution des formes de travail, les aspirations de la génération Y, la montée en puissance de l’économie sociale et solidaire, tout comme les particularités développées par les territoires, mettent en échec les anciennes normes sociales négociées pour un autre temps. “Par nature, le paritarisme pousse au compromis, à des réformettes, légères, n’écornant pas les situations acquises. Est-ce le meilleur levier de changement?? ” Selon certains experts, l’emploi et la formation professionnelle appellent tous deux une “réforme importante” qui, à terme, pourrait passer par la création d’un “régime unique de Sécurité sociale professionnelle chapeauté par un organisme unique de type Unedic gérant l’ensemble des questions liées au parcours professionnel”. L’adaptation du système de santé aux actuels défis du digital, de la transformation des pratiques, comme la rationalisation du système des retraites, sont autant de chantiers stratégiques dépendant des partenaires sociaux, décideurs bicéphales et paritaires. Mais de quel paritarisme s’agit-il?? Le Larousse répond?: “c’est un courant d’idées qui préconise le recours aux organismes paritaires pour traiter des accords entre patronat et salariat, et une technique de gestion dans laquelle les deux parties sont représentées à parité et prennent des décisions selon les règles strictes de répartition des voix”. En fait, il cohabite trois paritarismes bien différents?: celui dédié à la négociation, où les partenaires sociaux fixent les normes de la vie sociale… avec comme champ immense celui des règles du jeu des relations sociales, et plus largement l’encadrement du travail. Bilan?? Ont-ils réussi à les adapter aux besoins de flexibilité de l’époque, de mobilité des salariés?? Ensuite, le paritarisme qui se consacre à la gestion des organismes sociaux (caisses de retraite, d’assurance maladie, instances de formation professionnelle, etc.). Enfin, celui qui intervient dans le domaine des décisions de justice par le biais tribunaux des prud’hommes. “Il cohabite trois paritarismes bien différents?: celui dédié à la négociation, ensuite, le paritarisme qui se consacre à la gestion des organismes sociaux. Enfin, celui qui intervient dans le domaine des décisions de justice par le biais tribunaux des prud’hommes” C’est le deuxième, dédié à la gestion, qui focalise le plus de critiques. Dans tous les domaines, mais plus particulièrement dans celui de la formation professionnelle. Emmanuel Macron ne dénonce-t-il pas comme une majorité des décideurs politiques, l’opacité des 32?milliards et un système “capturé par les décideurs publics, par les organisations politiques et syndicales” ? Tandis que Bruno Lemaire et Nicolas Sarkozy prévoyaient la disparition pure et simple de ce type de gestion partagée. Avec une collecte des fonds de formation non plus confiée aux OPCA paritaires mais à l’Urssaf. Auteur d’un récent rapport sur le paritarisme, le député socialiste Jean-Marc Germain préconise, lui, la création d’un régime d’assurance formation géré par une agence nationale pour l’évolution professionnelle. “Le système paritaire français n’est pas improductif, mais il est nébuleux”…

Une caméra pour protéger tout le monde

C’est une excellente nouvelle que je viens d’apprendre : désormais, les contrôles d’identité se doivent d’être filmés dans 23 zones de sécurité prioritaires en France. Les policiers et gendarmes sont munis de quelques 2600 caméras portatives. L’on compte notamment parmi ces sites des ZSP du Paris intra muros, en petite et grande couronne, tout comme des départements tels que les Alpes-Maritimes.
Ce n’est encore qu’un test, qui prendra fin dans un an. Mais c’est à mon sens un pas dans la bonne direction. Ce dispositif est utilisé depuis un bout de temps chez nos voisins, et a clairement confirmé son importance. Le but de ces enregistrements est d’apaiser la relation lors d’une intervention : les fonctionnaires peuvent ainsi montrer qu’ils ont agit selon les règles, et les personnes contrôlées peuvent fournir la preuve en cas de bavure. Le dispositif est donc en principe utile à tout le monde. Au passage, ce système devrait permettre de faire l’impasse sur les rapports écrits, ce qui réduit énormément la partie administrative.Au terme de cette expérimentation, policiers et gendarmes fourniront au ministre de l’Intérieur un rapport pour mesurer l’incidence de ce système sur le bon fonctionnement des interventions. Si ce dispositif est validé, des affaires comme celles du jeune Théo à Aulnay-sous-Bois devraient donc appartenir au passé. Cela devrait apaiser pas mal les tensions entre les policiers et les habitants ! Ceci dit, le policier peut oublier de déclencher le dispositif au moment d’intervenir. Mais je doute qu’un policier puisse être aussi distrait…

La misère du journalisme politique

Depuis quelques années, notre consoeur Natacha Polony fustige le journalisme politique qui tend à ressembler au commentaire sportif. Jamais elle n’aura eu autant raison qu’à l’occasion de ce débat. Tout y était. Pour ma part, j’étais sur France 2 et j’ai eu l’impression dès le début qu’on allait assister à la finale de coupe du monde. L’arrivée des joueurs au stade. Ouf, ils n’avaient pas leur casque sur les oreilles, les supporters n’aiment pas ça. La reconnaissance de la pelouse, c’est important. Les allers-retours avec le plateau, et les consultants qui nous expliquent qu’un tel a de l’avance sur l’autre au classement. Que le second doit « tout donner » pour faire son retard. On s’enquiert de la forme des joueurs.On s’interroge sur le rythme du match qui s’annonce. Viril ? Musclé ? Attentiste ? Un petit tour vers les reporters présents parmi les supporters des deux équipes. L’ambiance est là. Cela manque tout de même de drapeaux et de cornes de brume. Retour sur le plateau. Le vieux consultant FOG est là qui analyse le jeu des deux protagonistes. Si FOG est là, c’est que le match est sérieux. Du niveau d’un Brésil-Allemagne. Mais le débat commence, et on est déçu… Presqu’aussi ennuyeux que le premier match. Les équipes sont défensives. Quelques tacles virils mais corrects. L’avant-match nous avait promis une finale de coupe du monde, et on a droit à un Créteil-Belfort. D’un coup, on prend l’envie d’aller à la buvette. Et on épargne le résumé du match au lecteur. Parce qu’il va lire ce texte certainement de bon matin, et qu’il ne faut pas le rendormir. On en arrive donc à l’après-match. Des reporters partout, encore une fois. Au bord du terrain, pour recueillir les impressions des joueurs. Ont-ils le sentiment d’avoir bien joué ? Tel Didier Deschamps, ils esquivent les questions et font montre de langue de bois. Et retournent aux vestiaires. Formidable scoop : l’un des reporters parvient à obtenir la réaction de l’épouse d’un des deux joueurs vedettes. Isabelle a apprécié le jeu d’Alain, on s’en doute. Retour plateau. On refait le match, mais manque Eugène Saccomano. Il faut bien reconnaître que Nathalie Saint-Cricq n’a pas les qualités de l’ancien commentateur de RTL et Europe 1. Qui a bien joué ? Qui a gagné ? FOG cause tactique. Il appelle ça « méthode » mais c’est de la tactique. On en arrête là. On se demande si tous ces gens sont conscients du ridicule de leur mise en scène. Sont-ils dupes ? Qu’on se rende compte ! La moitié d’un journal télévisé, la suppression de « Parents mode d’emploi » qui a peiné ma fille cadette, pour un débat qui concerne quatre millions de personnes alors que 41 millions d’électeurs ont dédaigné cette primaire dimanche dernier. Ils vont faire quoi, lorsque ce sera la vraie finale de la vraie élection présidentielle, en mai prochain ? Prendre l’antenne à huit heures du matin ? Accompagner les joueurs dans leur échauffement ? Les interroger depuis leur salle de bain ? Aligner les débats à quatre, à cinq, à sept commentateurs en plateau, jusqu’au soir ? Suivre les véhicules des finalistes avec motos sous les vivas des supporteurs ? Sont-ils à ce point conscients du dédain qu’inspire la politique aujourd’hui, pour oser mise en scène si consternante ? Poser cette question, c’est y répondre. Le journalisme politique et le journalisme sportif ont aujourd’hui complètement fusionné.